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Sécheresse : gare à l'effet trompe l'oeil

Si la rosée et les gelées ont fait leur apparition, le Cantal reste en situation de déficit hydrologique sévère, nécessitant le respect de l'arrêté sécheresse toujours en vigueur. Les agents de l'OFB y veillent.

Une vanne ouverte détournant le cours d'eau de son lit, une suspicion d'infraction à l'arrêté sécheresse qui sera suivie d'une enquête.
Une vanne ouverte détournant le cours d'eau de son lit, une suspicion d'infraction à l'arrêté sécheresse qui sera suivie d'une enquête.
© P. O.

Début septembre, à la faveur d'un gros orage de fin d'été, le débit du Mars à Bassignac est passé en quatre heures d'un débit de 100 litres par seconde, à 7,5 m3/s. Impressionnant mais anecdotique au final pour la santé du cours d'eau qui est rapidement retombé à un débit d'étiage critique. Des orages localisés, conjugués ces derniers jours à des températures plus fraîches, par endroit associées à de premières gelées, à des journées d'ensoleillement qui se raccourcissent... : il n'en faut pas plus pour faire oublier au grand public une situation de sécheresse toujours bien effective. Un "magnifique effet en trompe-l'oeil" contre lequel Franck Lasserre met en garde : "Ça a reverdi un peu mais c'est un effet purement visuel, une illusion, car on est toujours aussi sec", pointait mercredi dernier le chef de service à l'Office français de la biodiversité (OFB, délégation Cantal) qui en veut pour preuve le maintien d'une grande partie du département au niveau de crise dans le dernier arrêté préfectoral limitant les usages de l'eau, le reste du territoire étant classé en alerte renforcée. Et de rappeler que le département n'est pas doté de nappes phréatiques comme celles par exemple du bassin parisien. L'eau de pluie ne s'accumule pas ici dans de profonds aquifères mais est rapidement restituée par les milieux naturels.

10 % de contrevenants
Avec un déficit de pluie record (50 % en moyenne sur le département), le Cantal a vu s'enchaîner les arrêtés de restriction, le premier signé le 27 juin, le sixième et dernier en date le 9 septembre. "On a laissé le temps à la société civile de s'approprier l'arrêté, d'échanger avec l'administration si besoin avant d'engager des contrôles", précise le responsable de l'OFB. Depuis, ce sont quelque 150 contrôles de respect de l'arrêté en vigueur qui ont été réalisés par les onze inspecteurs de l'OFB agréés pour cette mission de Police de l'environnement, auprès de collectivités, entreprises, agriculteurs... Une intensité de contrôle inédite justifiée par la situation hydrologique. Verdict : dans la très grande majorité des cas (85 %), rien à signaler, "les gens respectent l'arrêté. Il n'y a qu'à regarder autour de vous l'état des stades, des pelouses des particuliers, des massifs de fleurs..." D'autres situations (5 %) ont requis une analyse (administrative, juridique, etc.) plus pointue. Au final, seuls 10 % des contrôles ont révélé une infraction relevant d'une contravention de 5e classe (jusqu'à 1 500 EUR d'amende pour un particulier, 7 500 EUR pour une personne morale), couplée dans certains cas à d'autres infractions à caractère délictueux : détournement d'un cours d'eau pour ses besoins propres, déversement de substances polluantes... pouvant faire grimper la sanction à 75 000 EUR.  
Ces contrôles ont plus particulièrement ciblé des secteurs à risques et des écosystèmes fragilisés. "Alors qu'on était vraiment en situation de crise, on a été alertés sur des usages scandaleux, avec un effet boule de neige, comme des entreprises procédant au lavage de leur flotte de véhicules professionnels", complète Thierry(1), son adjoint. En poste dans le Cantal depuis 2002, ce dernier a cependant vu évoluer les comportements, "surtout des socioprofessionnels et des collectivités", à la faveur d'épisodes secs et caniculaires à répétition. "Il y a eu une prise de conscience, aidée c'est vrai par la pédagogie de la verbalisation, la peur du gendarme", confirme F. Lasserre.
Mais il reste encore du chemin à faire pour éviter que cette gestion durable de la ressource en eau ne se tarisse avec l'arrivée de l'automne et d'encore hypothétiques pluies abondantes - ou à terme d'étés humides "qui vont cependant devenir l'exception". "La conception des usages de l'eau qui a prévalu jusqu'à aujourd'hui est dépassée, on a une accélération des phénomènes d'étiage, beaucoup de cours d'eau vont disparaître et notre paysage va être sévèrement modifié dans les 50 ans à venir", prévient Franck Lasserre.

L'eau au robinet ? "Plus une garantie"
"Le problème, c'est que les gens ne font pas le lien entre l'eau qui coule du robinet et l'état des cours d'eau. À partir du moment où ils ont de l'eau, tout va bien. Mais il ne faut pas se leurrer, l'eau du robinet n'est pas garantie pour tout le monde ; des solutions d'urgence ont été déployées à coup de camions citernes ou de packs d'eau dans certaines communes, cela pourrait se reproduire à l'avenir, d'où l'importance de maintenir la vigilance... et la pression", abonde Christophe(1) l'un des inspecteurs mobilisés ce jour-là pour une nouvelle opération de contrôles. Une opération qui va montrer que les messages sont - globalement - passés, mais aussi révéler d'autres conséquences de la sécheresse.

(1) Pour des raisons de sécurité, seuls les prénoms sont communiqués.

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